L'attrait de mérimée pour l'espagne
C'est peut-être l'anglophilie régnant dans le milieu familial où Mérimée fut élevée, puisque sa grand-mère avait vécu dix-sept ans en Angleterre et que ses parents connaissaient bien la culture anglaise, qui l'a amené à s'intéresser très tôt à l'Espagne. En effet, au moment où il entreprend son premier voyage en Espagne, ce pays fait figure de terre farouche et inquiétante où seuls les anglais osaient s'aventurer et est très en vogue outre-manche. En tout cas, ce pays occupe une place privilégiée dans sa production littéraire et dans sa vie, et exerce sur lui un puissant attrait. L’Espagne fut pour Mérimée une patrie d'adoption.
Mérimée commença à s'y intéresser en 1823-1824 lors de l'expédition menée par Louis XVIII pour rétablir le roi Ferdinand VII sur son trône. L’Espagne l'attirait donc avant qu'il ne la connaisse "physiquement". Une de ses premières fictions Le Théâtre de Clara Gazul, écrite en 1825 le prouve. En effet c'est une série de pièces qu'il dit traduire d'une écrivaine espagnole et qui se déroule en Espagne ou pour le moins avec des protagonistes espagnols lorsque l'action se passe ailleurs.
Mérimée fait son premier voyage en Espagne à 24 ans en 1830. Parti pour trois mois, il en passe six dans ce pays qui le séduit. C'est au cours de ce voyage qu'il fait la connaissance des Montijo. Leur fille Eugenia deviendra par la suite impératrice de France, mais c'est avec Mme de Montijo qu'il s'entendra le plus. Elle restera jusqu'à sa mort sa plus grande confidente. C'est d'elle et d'un voyage dans le sud qu'il tiendra le sujet de Carmen. Il trouve donc de solides attaches en Espagne. Là-bas il est fasciné par les paysages espagnols, les basses classes qu'il côtoie, la corrida, l'architecture mauresque. Il aimait d'ailleurs dessiner certains détails ou certains lieux.
De retour à Paris fin 1830, il publie des Lettres d'Espagne. Très attaché au pays, il y séjournera cinq fois encore: en 1840, 1845, 1853, 1859,