L'ecole de la triche
Tous les ans, des cas de fraude viennent rappeler que cette pratique vieille comme le monde est aujourd’hui révolutionnée par les nouvelles technologies. Des « versionnaires » du XIXème siècle, payés pour passer les examens à la place des étudiants, à la bonne vieille gomme creusée pour y glisser une « antisèche », le livre de Marie-Estelle Pech nous rappelle l’immémoriale ingéniosité du potache. Mais une question se fait jour, au fil de ces recensions : entre le bricolage artisanal d’autrefois, et l’industrie généralisée du plagiat, est-ce une différence de degré ou de nature ?
A la lecture de ces lignes, on repense à ce chef d’œuvre de l’humour qu’était le livre de Goscinny, illustré par Cabu : La Potachologie ; histoire naturelle du potache. Dans ce livre, le classement des potaches en différentes espèces (assis et debout) donnait lieu à d’hilarantes descriptions des grands « types » biologiques, le « souffleur », le « soufflé », l’« artiste », l’« improvisateur »… Mais quelques lignes seulement sur ce spécimen qui attirait la honte sur ses parents : le « tricheur ». Il n’était même pas digne de susciter une quelconque plaisanterie.
Nous l’évoquions déjà dans une note datée de juin 2010, à l’occasion de la découverte d’un ènième cas de triche : aujourd’hui, la débrouillardise est une vertu, et la fin justifie tous les moyens. En une époque gouvernée par l’utilitarisme et la prééminence du diplôme, le tricheur serait presque auréolé de l’aura du rebelle ; en tout cas, il est le malin, l’être supérieur qui surplombe le troupeau des moutons respectueux des règles. Cours, jeune homme, le vieux monde est derrière toi, avec sa morale, ses règles ringardes et ses efforts inutiles.