L'essai sur le don
Dans cet essai, Mauss se démarque de l'idéologie économique dominante en démontrant que les phénomènes économiques sont indissociables des autres aspects de la vie sociale et qu’ils ne peuvent pas se réduire à de purs calculs d'intérêts. Les économies des sociétés primitives étudiées ne sont donc pas des économies marchandes, mêmes simplifiées, ou des économies de subsistance.
Mauss va donc s’intéresser à ce qu’il nomme « une forme archaïque du contrat » (cette expression, ethnocentrée, est critiquable) pour tenter de définir la nature du lien qui permet à ces sociétés d'exister.
L'Essai sur le don s'inscrit dans la suite des travaux d'autres anthropologues tels que Franz Boas et Malinowski. Le premier a étudié le phénomène de Potlatch sur la Côte Ouest de l'Amérique du Nord. Le second a travaillé sur le Kula dans les îles Triobrand de l'Océan Pacifique.
Ces deux notions, kula et potlach, renvoient donc à des comportements culturels, à un système de dons et de contre-dons réalisés dans un cadre non-marchands. Ce n’est ni de la vente, ni du troc.
Marcel Mauss va tenter de répondres aux questions suivantes : Comment un don peut-il entrainer un autre don ? Pourquoi le don sous-entend-il une certaine réciprocité ?
Mauss va par la suite mettre en évidence les points communs entre les deux pratiques que sont le kula et le potlach.
Dans ces deux cas, dans ces deux cultures, les échanges se font sous la forme de cadeaux, qui peuvent paraître tout à fait volontaires, mais qui sont en réalité obligatoires. Mauss va qualifier ces échanges de « faits sociaux totaux », en cela qu’ils comportent toutes sortes de dimensions autres qu’économiques : dimensions