L'expérience instruit-elle ?
Bien souvent, la pratique est considérée comme bien plus instructive que la théorie. En effet, la mémoire de choses perçues réellement semble plus évidente que celle de choses lues ou apprises sans avoir de rapport direct avec la chose en question. L’expérience en elle-même provient des perceptions que l’on a du réel, à travers nos sens. Le mot vient d’ailleurs du latin « experior » qui signifie « éprouver ». Elle ne se limite cependant pas aux seules sensations, notamment lorsque l’on pense aux expériences imaginaires que l’on peut avoir, par exemple à travers le rêve. L’instruction quant à elle, désigne le fait d’entrer en possession de connaissances nouvelles. De prime abord, donc, l’expérience paraît instruire, mais ce qu’elle nous apporte suffit-il à une instruction complète et vérifiée ? Si l’expérience est instructive, il apparaît aisément qu’une certaine réflexion permet la certitude de la connaissance acquise.
Déjà à l’aube de la civilisation, l’homme a tiré des connaissances de l’observation de phénomènes naturels. Les cinq sens permettent une perception du réel très poussée, et très concrète. Comment pourrions-nous prétendre disposer de connaissances sur le réel si nous nous coupons de celui-ci en négligeant ces sensations ? L’expérience sensible apporte donc indéniablement au moins une ébauche d’instruction. Parfois, même, seule l’expérience permet l’acquisition d’une connaissance, et quelque réflexion que ce soit n’apparaît pas nécessaire à son amélioration. En effet, nous pouvons ici prendre l’exemple de la stratégie militaire. Seuls des essais (voire des ratés), permettent la mise au point d’une stratégie efficace et pertinente.
Pour John Locke, cette idée est plus relative. Selon lui, au commencement, l’homme n’est qu’une « table rase, vide de tous caractères, sans aucune idée ». Se pose alors la question de la provenance de ces idées : « A cela, je réponds en un mot, de l’Expérience : c’est là le fondement de