L'homme et l'animal
1. La culture comme négation de la nature Dans son dernier livre Agamben reprend donc la question de notre rapport à notre animalité, non pas comme continuité mais, au contraire, dans l'écart nécessaire à nous constituer comme humains. "Ce n'est pas la conjonction de l'homme et de l'animal qu'il faut penser mais leur séparation" 46. En effet, "l'homme est l'animal qui doit se reconnaître humain pour l'être" 44. Ce qui fait notre humanité c'est la conscience de ce qui nous différencie de l'animal et qu'on peut définir classiquement depuis Pic de la Mirandole par notre "dignité" (qu'Agamben traduit par "rang" et Legendre par "axiome"), c'est-à-dire par une "conscience de soi" qui est liberté et construction de soi. Il ne faut pas considérer cette conscience de soi comme le simple reflet d'une représentation de soi parallèle à la transparence des choses mais tout au contraire comme question, inquiétude, dette, manque de savoir, désir, incomplétude.
Penser c'est "être livré à quelque chose qui se refuse" 100. Henri Laborit définissait lui aussi la pensée comme irritation,