L'intolérance catholique
Depuis la révocation de l’Édit de Nantes en 1685, tous les grands écrits en faveur de la tolérance religieuse, ou, plus précisément, contre la persécution religieuse, ont mis en avant l’argument suivant : les opinions privées des personnes, et en particulier leurs opinions religieuses, n’appartiennent qu’à leur conscience ; même si nous estimons que ces opinions sont mauvaises ou fausses, aucune répression ne peut être justifiée et la tolérance est la seule attitude possible. Certains vont jusqu’à dire qu’aux yeux de Dieu, toutes les opinions, toutes les croyances et tous les cultes sont bons à condition que l’homme, qu’il soit catholique, protestant, musulman, juif voire athée, mène une vie socialement acceptable. Or jusqu’à la Révolution et même plus tard encore, les catholiques ont vigoureusement contesté l’idée selon laquelle les opinions religieuses n’appartiennent qu’à la conscience. Là où rien n’est certain, où rien n’est défini, les sentiments peuvent être partagés, les opinions peuvent varier ; mais quand la Vérité est vécue comme unique et intangible, il n’y a pas de place pour l’opinion, le sentiment particulier, synonymes d’erreur doctrinale. Comme le disait Bossuet : « L’hérétique est celui qui a une opinion : et c’est ce que le mot même signifie. Qu’est-ce à dire, avoir une opinion ? C’est suivre sa propre pensée et son sentiment particulier. Mais le catholique est catholique : c’est-à-dire qu’il est universel ; et sans avoir de sentiment particulier, il suit sans hésiter celui de l’Église[1]. » Selon Bossuet, la Vérité religieuse ne peut pas être objet d’opinions ; avoir une opinion concernant la Vérité, c’est être « hérétique », le catholique étant précisément celui qui n’a pas d’opinion. Après l’édit de 1787 sur l’état civil des non-catholiques, les protestants sont pleinement intégrés dans l’État en 1789 suite à la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen qui stipule, à l’article X, que «