Prise de Notes
-------------------------------------------------
Pour une introduction à l’imaginaire politique, Raoul GIRARDET

* L’étude de ce que l’on appelle l’histoire des idées politiques présente une étrange constante : une défiance obstinée à l’égard de l’imaginaire. Toutes les études tendent donc à restreindre leur exploration au seul domaine de la pensée organisée, rationnellement construite, logiquement conduite. C’est dans le seul cadre de l’affrontement des doctrines, de l’entrecroisement ou du heurt des « systèmes de pensées » que sont perçus et appréhendés les grands débats historiques. (Primauté de la rationalité sur l’imaginaire) . L’analyse en fin de compte se trouve toujours ou presque ramenée à l’examen d’un certain nombre d’œuvres théoriques qu’il s’agit surtout de situer les unes par rapport aux autres, d’expliquer, de commenter. Et donc tout ce qui échappe aux formulations démonstratives, tout ce qui provient des profondeurs secrètes des puissances oniriques est relégué dans une zone d’ombre. Par ex, le rêve n’est pris en compte que lorsqu’il s’exprime dans la forme traditionnelle de l’utopie (déf : genre littéraire bien déterminé, aux finalités didactiques clairement affirmées, soumis à une rigoureuse ordonnance du discours et aisément accessible à la seule intelligence logique). Dans le travail de l’auteur, pas de remise en cause de l’impact historique des grandes œuvres politiques et de notre héritage (Locke, Rousseau, Montesquieu, Marx…) mais plutôt un « effort d’élargissement », aborder ce versant inconnu, ignoré, négligé. Tentative donc d’explorer une certaine forme de l’imaginaire : l’imaginaire politique. Il y a pour lui une irréductible évidence que c’est « d’une étonnante effervescence mythologique que n’ont cessé d’être accompagnés les bouleversements politiques des deux derniers siècles de l’histoire européenne ». Par ex, se demande ce qu’aurait été le marxisme amputé de tout appel prophétique et de toute vision