L'ère du vide
Il s’appelle Sarkozy. Je le croise quand je regarde la télé, je connais sa mère grace à Point de vue, images du monde, je connais son fils, son ex femme, tous ses collègues de bureau. J’ai l’impression d’avoir un sim en grandeur nature. Je connais ses amis qui lui offrent des vacances. Je connais ses goûts musicaux. Je connais son CV. Et parfois je l’oublie. Mais pas longtemps, il est plus acharné qu’un représentant de commerce qui vendrait des aspirateurs en porte à porte.
Je vis depuis des années avec un livre que je n’ai pas ouvert depuis des lustres, mais qui continue à me faire gamberger. Il fait partie de ces essais casse - gueule qui mêlent à l’air du temps le savoir de l’université. L’ère du vide est la grande thèse sociologique sur l’individualisme. Il parle du déclin des destins collectifs et de l’affirmtion des valeurs du plaisir. C’était il y a trente ans, la France était riche, la prospérité mieux partagée qu’aujourd’hui. Et l’optimisme général faisait dire à l’auteur, Gilles Lipovetsky, que le monde ne croyait plus en rien et que “tout le monde s’en fiche”.
Il faut dire qu’à l’époque, les taux de participation aux élections politiques étaient en baisse constante. La tendance semble s’être inversée, et le “désinvestissement” de la sphère publique par le citoyen itou, les élections présidentielles ont été porteuses d’espoir pour beaucoup.
Depuis qu’il a écrit ce livre, l’auteur a fait carrière dans l’administration gouvernementale. Dans les parodies de Cabu décrivant un nouveau beauf conseillant de communiquer sur les faits divers plutôt que sur les problèmes que notre système politique a été incapable de résoudre, je