L'épicurisme
Dans la partie précédente, nous avons vu que, quand bien même on tâchait de définir le bonheur indépendamment du plaisir, il était très délicat de dénier à celui-ci toute contribution à la recherche du bonheur. Certes, le plaisir sans frein des sophistes devait être condamné, mais il semblait qu’un plaisir sous contrôle rationnel pouvait participer au bonheur et peut-être même en être un élément essentiel. Cette hypothèse est pleinement développée par Épicure. À ce titre, il n’est pas inutile de rappeler, contre une conception malheureusement répandue, qu’Épicure ne défend en rien une recherche immodérée du plaisir, une soumission totale aux impulsions. Si la vie de plaisir est pour lui la seule qui peut conduire au bonheur, c’est seulement parce que c’est conduire à un état de tranquillité, de paix de l’âme, d’indépendance à l’égard des sollicitations intérieures et extérieures. Les désirs étant la conséquence des croyances, il demeure possible de les adapter rationnellement. Épicure distingue plusieurs formes de plaisirs. Il sépare notamment les plaisirs qui viennent combler un manque organique ou psychique et les désirs qui proviennent au contraire d’un état de