L'amour par terre
Le vent de l'autre nuit a jeté bas l'Amour
Qui, dans le coin le plus mystérieux du parc,
Souriait en bandant malignement son arc,
Et dont l'aspect nous fit tant songer tout un jour !
Le vent de l'autre nuit l'a jeté bas ! Le marbre
Au souffle du matin tournoie, épars. C'est triste
De voir le piédestal, où le nom de l'artiste
Se lit péniblement parmi l'ombre d'un arbre,
Oh ! c'est triste de voir debout le piédestal
Tout seul ! Et des pensers mélancoliques vont
Et viennent dans mon rêve où le chagrin profond
Évoque un avenir solitaire et fatal.
Oh ! c'est triste ! - Et toi-même, est-ce pas ! es touchée
D'un si dolent tableau, bien que ton oeil frivole
S'amuse au papillon de pourpre et d'or qui vole
Au-dessus des débris dont l'allée est jonchée.
I- La brièveté du présent
1. La statue de Venus qui s'effondre
2. Le présent fugitif entre souvenir et attente.
3. La correspondance objet-statue-amour
II- Le papillonnage
1. Tout est éphémère
2. Le papillonnage
3. L'inconstance féminine
III- Le faune grimaçant
1. Des vers sensuels ou érotiques
2. L'amour est une fleur du mal
Afin d'exprimer ses sensations les plus fines, Verlaine se choisit un cadre historique, le XVIIIème siècle, qu'il recrée à son gré. L'utilisation d'un temps révolu est fort habile et donne au poète l'occasion de dépeindre la superficialité de la société tourmentée du XIXème siècle et aussi sa propre vie. Le poète qui refuse l'idéalisation du souvenir amoureux revient sur la chute d'une statue symbolisant l'amour, lieu de nombreux rendez-vous amoureux. Ce symbole de l'amour qui s'est effondré donne à Verlaine l'occasion de nous parler de la fragilité de l'amour, de sa solitude et de la frivolité des