l'art
Dès lors, ne peut-on pas penser que l’habileté technique suffit à définir l’artiste ? On peut d’abord remarquer que l’artiste produit des œuvres uniques. La raison en est selon la thèse qu’Alain défend dans son Système des beaux-arts qu’il ne produit pas comme l’artisan. En effet, celui-ci produit à partir d’une idée qui définit l’objet et la façon dont il est produit. C’est pourquoi le même objet peut être reproduit à l’infini. Compare-t-on les deux versions de la Vierge au rocher de Léonard (1452-1519) ? On remarquera sans peine les différences, y compris pour les parties qui semblent identiques. C’est que l’artiste produit au fur et à mesure de sorte que l’idée de l’œuvre lui vient après, tout comme au spectateur. Certes, il part d’un modèle, d’une vague représentation, mais elle ne suffit pas comme le montrent tous les artistes médiocres, incapables malgré leurs “brillantes” idées de produire une véritable œuvre. Dès lors, l’habileté de l’un n’est pas celle de l’autre. L’une se forme par répétition des mêmes gestes et trouve dans la machine sa vérité. La machine en effet réalise les gestes du technicien avec la régularité qu’ils requièrent. L’habileté de l’artiste est comme irriguée par la nouveauté qui la traverse, elle est chaque fois spécifique. Lorsqu’elle se répète, le génie est comme mort.
Toutefois, il n’est pas impossible d’imiter le style d’un grand artiste, preuve que les règles qui ont rendu possible les œuvres ne sont pas inconnaissables. Dès lors, n’est-ce pas