Thérèse Raquin « ignorait les projets de Laurent ». Après qu’il les avoue : « "Je vais le jeter à l’eau …" », « la jeune femme devint horriblement pâle. Elle resta comme clouée au sol. Elle se roidissait, les yeux agrandis. (…) Elle ne bougea pas. Une lutte terrible passait en elle. Elle tendait sa volonté de toutes ses forces, car elle avait peur d’éclater en sanglots et de tomber à terre. » L’auteur décrit l’état extérieur ainsi que l’état d’âme. « Thérèse, roide, immobile, la tête un peu renversée, attendait. » Quand Laurent a serré la gorge de Camille qui a commencé à crier au secours, « la jeune femme regardait, se tenant des deux mains à un banc du canot qui craquait et dansait sur la rivière. Elle ne pouvait fermer les yeux ; une effrayante contraction les tenait grands ouverts, fixés sur le spectacle horrible de la lutte. Elle était rigide, muette. » Après le dernier appel de Camille, « Thérèse éclata en sanglots. Ses nerfs se détendaient. La crise qu’elle redoutait la jeta toute frémissante au fond de la barque. Elle y resta pliée, pâmée, morte ». Chez Thérèse Desqueyroux, le lecteur n’est pas informé sur l’expression du visage ou du corps, Mauriac ne nous montre que l’attitude intérieure : « Thérèse revoit Bernard (…) Il avale d’un coup le remède sans qu’abrutie de chaleur, Thérèse ait songé à l’avertir qu’il a doublé sa dose habituelle. Tout le monde a quitté la table – sauf elle qui ouvre des amandes fraîches, indifférente, étrangère à cette agitation, désintéressée de ce drame, comme de tout drame autre que le sien. » Les deux femmes sont présentes au moment de l’acte, néanmoins ni l’une ni l’autre n’a commis le crime en effet : Camille est étranglé par les mains de l’amant qui l’amène à mettre à exécution son acte avec la complicité muette de Thérèse. Et c’est Bernard lui-même qui met les gouttes de « remède » dans son verre. Mais les deux Thérèse regardent sans essayer de détourner ces situations dramatiques. Comment les héroïnes sont-elle