l'euro
Jacques Mazier
Des déséquilibres intra-européens structurels
Après la mise en place de l’euro les divergences entre les pays de l’Union monétaire se sont accrues d’une manière insoutenable. Les pays du nord (Allemagne, Pays-Bas,
Autriche et Finlande) ont poursuivi des politiques de compression des coûts salariaux pour accroître leur compétitivité et gagner des parts de marché. La croissance de leur demande interne a été bridée, ce qui a contribué au freinage de l’ensemble de la zone. Les excédents de leur balance courante ont fortement progressé. Les pays du sud de l’Europe ont, au contraire, connu une croissance tirée par le boom immobilier (Espagne, Irlande) et l’endettement que favorisait une politique monétaire accommodante. Les prix et les coûts ont dérapé. Les balances courantes sont devenues fortement négatives. Ces évolutions n’étaient pas jugées alarmantes : l’Espagne, le Portugal et l’Irlande étaient des modèles de rigueur budgétaire et un voile pudique était jeté sur le cas de la Grèce. Avec la crise financière de 2008 l’activité a chuté, les déséquilibres budgétaires se sont profondément creusés mais les déficits courants se sont réduits dans certains pays (graphiques 1 et 2).
Pour l’essentiel la réduction des déficits courants des pays de l’Europe du sud ne résulte cependant pas d’une amélioration de leurs exportations (sauf un peu dans le cas de l’Espagne), mais de la chute de leurs importations, conséquence directe de la dépression que connaissent ces pays.
Les mesures adoptées par étapes successives depuis 2010 face à la crise de la zone euro ont été des réponses partielles prises en catastrophe. Elles ont permis de gagner du temps sans apporter de remèdes appropriés aux déséquilibres structurels qui caractérisent la zone euro. L’Union monétaire repose sur un modèle fondamentalement déséquilibré. Les changements de parité étant impossibles, il n’existe plus de mécanismes d’ajustement pour corriger les