L historien et les mémoires de la guerre d Algérie
De 1954 à 1962, la guerre d'Algérie a été le conflit de décolonisation le plus douloureux pour la France. En effet, malgré les massacres de Sétif en 1945 qui sont considérés comme les prémices, il n'était pas question pour la France de libérer l'Algérie colonisée en 1830. La France était très attachée à cette colonie du fait de son intégration. Cependant, les populations musulmanes n'obtiennent pas une réelle égalité des droits. Le 1er novembre 1954, le Front de libération nationale (FLN) lance une série d'attentats contre les Européens. Le 18 mars 1962, les accords d'Évian sont signés et mettent fin à la guerre. C'est le temps de l'exil pour les Français d'Algérie – les « pieds-noirs » – et pour les algériens qui ont combattu aux côtés de l'armée française – les « harkis ». Dans le cas de la guerre d'Algérie, l'historien est confronté à de nombreux points de vue qui correspondent autant à la diversité des situations vécues qu'à des prises de position politiques.
Sur chaque rive de la Méditerranée, comment s'organise le travail des historiens sur les mémoires de la guerre d'Algérie ?
(Comment leurs recherches, souvent difficiles, ont-elles été diffusées dans l'opinion publique ?)
Le conflit ayant laissé des souvenirs différents selon les communautés, nous recenserons les mémoires qu’il a fait naître : celles publiques des deux États français et algérien.
1. En Algérie : mémoire de la guerre et identité nationale
a) La mémoire de la guerre comme événement fondateur de la nation
• En Algérie, au lendemain de l'indépendance en 1962, le FLN prend le pouvoir et instaure un système de parti unique. Il établit donc une version officielle qui correspond à ses intérêts donc avec des oublis. Elle prend le nom de « guerre patriotique » ou de « guerre de libération ». Cette guerre est héroïsée comme l'acte de naissance de la Nation Algérienne indépendante. Le but est de montrer que l'opposition à la colonisation