L'Homme et la mer - Analyse
Charles Baudelaire
Texte :
Homme libre, toujours tu chériras la mer!
La mer est ton miroir, tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais a plonger au sein de ton image;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets;
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes;
O mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets!
Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remords,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
O lutteurs éternels, O frères implacables! de Charles BAUDELAIRE recueil : Les fleurs du mal Introduction Charles baudelaire est en rupture thématique avec l'oeuvre précédente car adepte et membre du mouvement parnassien. C'est un poète maudit, notamment par la société bourgeoise du 19è siècle tant sur le vivant que sur l'écrit. Il vit avec souffrance sa double situation ciel et terre. IL l'exprime cependant avec une crudité et une sensibilité inouïe en privilégiant le cadre du sonnet et en donnant à ses méraphores qu'il veut « mathématiquement exactes » une dimension symbolique. Son oeuvre est difficilement classable : touche de symbolisme, mouvement parnassien, influence du romantisme par sa sensibilité et classique par le souci de la forme. Baudelaire est en fait le premier poète moderne car il a sû rompre avec la thématique traditionelle (=idéalisation de l'amour, de la nature... etc). L'intérêt de ce texte est qu'il illustre de manière explicite une correspondance paradoxale. « L’homme et la mer », pièce 14 des fleurs du mal se trouve dans la partie du recueil intitulée spleen et idéal (spleen = dépression, ennui, mélancolie). L'unique recueil de vers publié par Baudelaire. Au travers de plusieurs poèmes devenus