L’arbitrage présidentiel sous la vème république
Il faut tout d’abord connaître les circonstances de la naissance de la Vème République pour comprendre les logiques de définition du rôle du Président de la République depuis 1958. Les IIIème et IVème République ne furent pas marquées par la personne du Chef de l’Etat. En effet, ce dernier avait peu de pouvoir en comparaison de ceux accordés aux Assemblées. Sous la IIIème République, la crise du 16 mai 1877 marginalise le rôle du Président de la République qui n’a d’autre choix que « se soumettre ou se démettre » par rapport à la volonté du pouvoir législatif. Le régime tend alors vers un parlementarisme absolu qui mène à une forte instabilité ministérielle. En 1946, la volonté des constituants est de rationaliser le parlementarisme afin d’éviter les précédentes dérives. Cependant, cela n’enraye pas l’instabilité ministérielle. L’un des objectifs de la Vème République sera donc la stabilité du régime. Le rôle du Président doit être redéfini au cœur d’un régime parlementaire.
C’est le gouvernement du Général de Gaulle qui va rédiger la Constitution du 4 octobre 1958, ce qui explique que celle-ci soit fortement empreinte de la vision gaulliste du rôle du Président de la République, vision qu’il expose principalement dans le discours de Bayeux en 1946, puis dans la conférence de presse du 31 janvier 1964. Le Président dirige la politique de la nation, il est la « clé de voûte des institutions » selon Michel Debré. Cependant, le texte de la Constitution laisse quant à lui entendre, selon l’article 20, que c’est « le Gouvernement [qui] détermine et conduit la politique de la nation » ; le Président de la