L’homme politique, la modernité et la culture
L’HOMME POLITIQUE, LA MODERNITÉ ET LA CULTURE
Les affres engendrées par les deux Guerres mondiales ont, à n’en pas douter, profondément marqué les contemporains de ces conflits sans précédents. La blessure est alors d’autant plus profonde dans le cœur des populations, qui confrontées aux horreurs de la guerre après des décennies vécues dans l’illusion du progrès et de la culture humaniste, pensaient avoir éteint les feux de l’inhumanité. Elle s’est pourtant réveillée, la bête humaine, et forte de l’industrialisation galopante elle a atteint les assises même des pouvoirs, mettant à mal les sciences, qu’elles soient politiques ou psychologiques. Pour les intellectuels de l’époque, si sensibles, dit-on, aux bouleversements de l’Histoire, les conflits qui ont secoué l’Europe puis le monde entier sont la source de profondes réflexions sur l’Homme. L’existentialisme sartrien, les œuvres de Camus et la montée en popularité du marxisme dans les universités sont alors autant de manières de penser ces décennies d’horreur et l’humanité qu’elles ont engendrée.
Inclassable figure intellectuelle de ce siècle de l’angoisse, Hannah Arendt est, elle aussi, profondément bouleversée par la première et la seconde Guerre mondiale. La montée du nazisme, l’emprise grandissante des idéologies et des gouvernements totalitaires fascistes et soviétiques sont, pour cette juive allemande d’origine, les éléments fondateurs d’une œuvre philosophique et politique monumentale. Les événements qui secouent la politique de son temps déclenchent donc, chez Hannah Arendt, s’orientant, à ce moment, vers des études classiques en philosophie, un intense besoin de comprendre les mutations qui s’opèrent sous ses yeux. Ces transformations sont, pense-t-elle, largement imputables à la modernité, mouvement sous l’impulsion duquel la question du politique cède le pas à celle de l’espace privé de l’économie. Il s’agira alors, pour celle qui se