L’insertion par l’activité économique : un facteur d’exclusion ?
Quel étrange paradoxe : insertion/exclusion, comme les deux faces d’un miroir ! La mise en relation de ces deux concepts « insertion-exclusion » peut être provocatrice au regard par exemple des points de vue récents, plutôt flatteurs énoncés dans des études sur les structures de l’insertion par l’activité économique : « un investissement rentable pour la collectivité » ou du bilan plus ancien mais tout aussi positif effectué sur les vingt cinq ans d’entreprise d’insertion et publié par le Comité National des Entreprises d’Insertion, à l’automne 2004 .
Comme cela a été envisagé dans les exposés précédents avec un « bilan mitigé » (chiffres à l’appui des dispositifs mis en place), il faudrait admettre que les politiques d’insertion –y compris celles par l’activité économique- loin d’insérer, c'est-à-dire d’ajouter, d’enrichir un système, excluraient, pousseraient vers la sortie, mettraient sur orbite des personnes à la recherche d’un emploi…
Deux approches différentes mais complémentaires et dont les résultats concordent ont permis d’envisager les dispositifs de l’insertion par l’activité économique. L’une est sous l’angle sociologique, avec l’analyse factorielle des circulaires ministérielles : « la naissance de l’inemployable ou l’insertion aux risques de l’exclusion » par Serge EBERSOLD. L’autre approche est sous l’angle de la psychosociologie, avec l’analyse systémique : « l’insertion professionnelle des publics précaires » par Denis CASTRA.
Ces deux chercheurs ont montré la grande inadéquation dans la mise en œuvre des dispositifs proposés entre le public concerné et l’objectif visé. Plus sans doute : ils ont mis en évidence que l’ensemble des dispositifs avaient créé une figure emblématique du sans-emploi – «un idéal-type» - : « l’inemployable », sorte d’explication infaillible au problème récurrent du chômage ; ou autrement dit : « l’inemployable » serait responsable du chômage