François s’agenouilla à côté du corps de son père et fondit en larmes.
« Mon dieu, qu’avons-nous fait, nous avons tué mon père ! hurla François.
- François, je suis vraiment désolé, dit Maurice en posant une main sur son épaule.
- Cette guerre est un vrai cauchemar si nous nous mettons à nous entretuer.
- C’est affreux, mais je ne pouvais pas savoir.
- Qu’allons-nous faire ? Nous ne pouvons pas le laisser là, s’inquiéta François.
- Il faut partir sans lui, nous ne pouvons pas le transporter, dit Maurice en essayant de lever François. »
François, en sanglots, serra très fort son père dans ses bras, l’embrassa une dernière fois, et se leva.

De retour au camp, François s’effondra, il pleura son père jour et nuit pendant plusieurs jours, il ne mangeait plus et ne parlait plus. Maurice, rongé par les remords, se suicida d’une balle dans la poitrine. Au fil des jours, la douleur de François s’atténua. Quand il n’allait pas à l’assaut, il priait pour son père et son compagnon morts, et écrivait des lettres à sa famille.
Ne supportant plus l’atmosphère de la guerre, il décida d’aller retrouver sa mère et ses sœurs. Il savait qu’il prenait de grands risques à déserter, mais une seule chose l’importait : revoir sa famille tant qu’il était en vie. Il alternait le train et la marche dans la crainte d’être arrêté.

Par un matin ensoleillé, il arriva enfin chez lui, épuisé et amaigri par ce long périple. Contents de cette belle retrouvaille, ils s’embrassèrent tous longuement. François retrouva enfin le sourire qui l’avait quitté depuis de longs mois. Le lendemain matin, était inscrit à la une de tous les journaux du pays que la guerre était finie.
La guerre, les tranchées, la perte de son père et de beaucoup de ses amis l’avaient traumatisé, il fallut trois longues années à François pour se reconstruire. Il trouva l’amour, se maria et eut trois enfants. François était comblé et enfin heureux.