Bouillabaisse

faisait la soupe. Cette soupe était une espèce de puchero où le poisson remplaçait la viande et où le provençal jetait des pois chiches, de petits morceaux de lard coupés carrément, et des gousses de piment rouge, concessions du mangeur de bouillabaisse aux mangeurs d’olla podrida. Un des sacs de provisions, déballé, était à côté de lui. Il avait allumé, au-dessus de sa tête, une lanterne de fer à vitres de talc, oscillant à un crochet du plafond de la cambuse. À côté, à un autre crochet, se

le jeune garçon de famille voir où je suis en train de pêcher pour venir chercher mon poisson. Souvent il arrive en me disant : « La commandante m’envoie chercher tout ce que tu as pêché car elle a des invités à sa table et elle veut faire la bouillabaisse », ou ceci ou cela. Bref, elle dispose de ma pêche et me demande même de chercher à pêcher tel ou tel poisson ou de plonger pour attraper des langoustines. Cela me dérange assez sérieusement pour le menu du gourbi mais, d’un 344 autre côté

le désir de pêcher à la ligne dans la Seine ; ce que ni moi, ni François Mauriac, n’avons jamais fait, ni rêvé de faire. « Au fond, dit Kronenberger, le conformisme américain réside dans un don d’adaptation, une espèce de facilité à manger la bouillabaisse avec le Marseillais, qui n’a pas de limites. » Ce conformisme prend souvent la forme d’un conformisme au non-conformisme. Sinclair Lewis, en peignant Babbitt, a tué un grand nombre de Babbitts, mais il a créé un anti-Babbitt que luimême, d’ailleurs