2146 Pierres - monument contre le racisme sarrebruck, allemagne jochen gerz
1993 Steine - Mahnmal gegen Rassismus en collaboration avec les étudiants de l'Hochschule für Kunst Bildende, . Sarrebruck JOCHEN GERZ
Jochen Gerz, né en 1940 à Berlin, est un artiste conceptuel allemand. Ses œuvres sont classées dans l'art contemporain.
Après la réalisation du monument contre le fascisme de Hambourg, qui avait été éprouvante, je donnais des cours à l’académie des beaux-arts de Sarrebruck, sur la frontière franco-allemande. J’étais professeur de photographie. Huit élèves sont venus vers moi, de différents horizons - il y avait un sculpteur, un peintre, une vidéaste, quelques jeunes artistes qui réalisaient des performances - ils m’ont dit : « On veut vivre une expérience, comme Hambourg… ». J’étais fatigué. La polémique autour du monument de Hambourg avait été violente. Je ne voulais plus en entendre parler.
Ce sont les jeunes qui m’ont forcé la main. Ils m’ont traîné dans les rues de la ville. Je me suis retrouvé au château de Sarrebruck, où siège le Parlement de la Sarre. On a visité les sous-sols et il y avait là un musée d’histoire. Trois anciennes cellules étaient ouvertes au public. À l’intérieur, les murs étaient couverts d’écritures. Ça m’a beaucoup touché. Les derniers mots des prisonniers lorrains, avant leur départ pour les camps, se trouvaient là, gravés dans la pierre… Je me suis fait avoir…
Je refusais de créer une oeuvre que l’on puisse toucher. Je ne voulais plus abandonner mon travail aux mains des gens. Le monument que j’avais réalisé à Hambourg avait été vandalisé, couvert de croix gammées. Et d’y repenser, ça me tournait l’estomac.
L’un des étudiants racontait une histoire… C’était comme dans un rêve : des pierres, pillées dans un cimetière juif, avaient été utilisées pour paver les rues... Ce récit, la violence des cellules d’emprisonnement, la violence que j’avais provoqué moi-même à Hambourg… Tout cela m’a donné une idée. Nous allions réaliser un