Acte IV, scène 7 ecole des femmes
Arnolphe ne raisonne plus, c’est un homme amoureux et qui ne parle qu’avec une rhétorique sentimentale. Le champ lexical de la galanterie est dense et bien réparti tout au fil du texte : « mari », « femme », « galant », « plaisir », « objet », «cœur », « rival ».
Son amour le rend vulnérable et son tourment est nettement représenté par le style heurté et la sur-expressivité de sa tirade. Il s’interroge à de nombreuses reprises et l’on ne compte pas moins de cinq tournures interrogatives sur une tirade d’à peine une vingtaine de lignes. Son angoisse apparaît dès le vers liminaire, après l’interjection « quoi », ce qui rend d’autant mieux la violence et la brutalité de cette anxiété.
Totalement dépassé par ses sentiments, à la fois amoureux et vénéneux, Arnolphe apparaît comme un personnage excessif, dominé par sa passion autant que par ses passions. Le style dans lequel le dramaturge le fait s’exprimer ne lésine pas sur l’hyperbole. « Respirer » est déjà en soi une hyperbole, puisqu’évidemment la vie au sens littéral du terme, d’Arnolphe n’est pas en jeu. La répétition de « vingt ans » vise aussi à l’insistance. Enfin, la pensée grandiloquente d’Arnolphe et sa tendance à l’exagération se retrouvent dans son usage fréquent de l’adjectif indéfini à valeur totalisante « tout » : « tous affronts », « tous les accidents », « toutes les lumières ». On retrouve d’ailleurs cet indéfini de nouveau, en tant que pronom, à deux autres reprises dans le même monologue. Arnolphe, aveuglé par l’intensité de ses sentiments, a perdu le sens de la mesure et du réalisme.
Ce qui pourrait devenir ridicule et même comique, dans cet amour forcené devient par moments presque tragique : la passion d’Arnolphe est vaine et tout en lui tient davantage du héros déchu (l’acte V consacrera la jeunesse contre la vieillesse) que du héros tout-puissant. Montrons à présent comment s’exprime la défaite d’Arnolphe dans sa