agriculture
Daniel Levasseur.
Ouest-France
Les agglomérations de Nantes, Angers et Le Mans ont mangé chacune 2 000 ha de terres agricoles,en huit ans. Les élus doivent enrayer l'hémorragie.
Entretien.
Daniel Levasseur est le directeur de la Safer Maine Océan (société d'aménagement foncier et rural). Il est intervenu lors du colloque sur l'agriculture autour des villes, organisé par la chambre régionale d'agriculture, à La Chapelle-sur-Erdre (Loire-Atlantique).
À quel rythme l'urbanisation mange-t-elle les terres agricoles en Pays de la Loire ?
L'aire urbaine de Nantes (82 communes) a consommé 2 200 ha depuis l'année 2000. Celle d'Angers (89 communes) a consommé 1 650 ha et celle du Mans (90 communes) 2 330 ha. Grosso modo, tous les dix ans, chacune de ces agglomérations bétonne l'équivalent d'une commune rurale. C'est énorme. C'est l'artificialisation des sols : on bétonne, on goudronne, on construit des lotissements, des autoroutes, des zones industrielles, des centres commerciaux, des parkings, une ligne TGV ou un aéroport...
C'est grave ?
La perte de terres agricoles par artificialisation des sols est irréversible. Ce sont les terrains plats, donc les meilleures terres qui disparaissent. Si on compte aussi les terres qui vont aux loisirs et au résidentiel, les chambres d'agriculture estiment que 1 500 ha quittent l'agriculture chaque année par département. En face, la population mondiale est en pleine croissance. En 2007, on a manqué de céréales et de lait dans le monde. Protéger les terres agricoles, c'est pouvoir encore demain nourrir les hommes.
Y a-t-il une prise de conscience ?
En Allemagne, quand on implante un centre commercial, on consomme trois fois moins de surface, en le construisant sur plusieurs étages. En France, pays à densité de population plus faible, on ne perçoit pas que le foncier agricole se réduit comme peau de chagrin. Les élus sont en train d'en prendre