Agritourisme et économie solidaire
Agritourisme et économie solidaire
JACQUES GAUTRAT
L e s a c t i o n s concernant le développement durable apparaissent être le parent pauvre des rubriques relevant de l’économie solidaire. Pourtant l’urgence existe face aux dérives du réchauffement de la planète et aux conséquences que les scientifiques ne manquent pas de nous signaler. Après avoir réalisé une recherche pour le secrétariat d’État à l’économie sociale et solidaire sur le territoire d’Entre-Deux-Mers (Gironde) [1] et avoir rencontré une activité de tourisme alternatif : l’agritourisme [2], nous avons décidé de présenter un plaidoyer pour que cette activité entre dans l’une des rubriques de l’économie solidaire.
Le tourisme de masse
Le tourisme de masse en France est loin d’avoir les effets colonisateurs du tourisme en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud sur les populations autochtones. Néanmoins, il transforme des espaces, notamment du littoral et certains sites de montagne, en grandes zones sur- u r b anisées, bétonnant les plages, défigurant les paysages et déstabilisant les équilibres sociaux et écologiques. Au cours de l’été 1997 on comptait 50 millions de vacanciers sur le littoral français. Les perspectives de développement du tourisme de masse posent de graves problèmes à l’aménagement du territoire : « La fréquentation touristique internatio nale et nationale pourrait osciller de 372 à 527 millions à l’horizon 2010 et de 443 à 656 millions à l’horizon 2025 (pour 235 à 353 millions sur les côtes). D’ici quarante ans, 95 % des rivages pourraient être urbani sés et devraient loger au moins 750 millions d’habitants pour 500 millions de permanents [3]. » De ce fait, la conférence de Rio en 1992 a établi 10 recommandations dans le cadre de l’Agenda 21 : minimisation des déchets, conservation et gestion de l’énergie, gestion des ressources en eau potable, gestion des eaux polluées, substances dangereuses, transports non polluants, planification et gestion de l’utilisation des