aimecesaire
11 poèmes d’Aimé Césaire
Mon eau n’écoute pas mon eau chante comme un secret
Mon eau ne chante pas mon eau exulte comme un secret
Mon eau travaille et à travers tout roseau exulte jusqu’au lait du rire
Mon eau est un petit enfant mon eau est un sourd mon eau est un géant qui te tient sur la poitrine un lion ô vin vaste immense par le basilic de ton regard complice et somptueux
Aimé Césaire
Oiseaux
Nocturne d’une nostalgie rôdeuse oh rôdeuse à petits pas de cicatrice mal fermée à petites pauses d’oiseau inquiet sur un dos de zébu
l’exil s’en va ainsi dans la mangeoire des astres portant de malhabiles grains aux oiseaux nés du temps qui jamais ne s’endorment jamais aux espaces fertiles des enfances remuées
Ferrements,
Aimé Césaire
nuit sac et ressac à petits glissements de boutre à petites saccades de pirogue sous ma noire traction à petits pas d’une goutte de lait sac voleur de cave ressac voleur d’enfant à petite lampe de marais ainsi toute nuit toute nuit des côtes d’Assinie des côtes d’Assinie le courant ramène sommaire toujours et très violent
Ferrements,
Aimé Césaire
Des crocs
Indivisible
Il n’est poudre de pigment ni myrrhe odeur pensive ni délectation mais fleur de sang à fleur de peau carte de sang carte du sang à vif à sueur à peau ni arbre coupé à blanc estoc mais sang qui monte dans l’arbre de chair à crans à crimes
Rien de remis à pic le long des pierres à pic le long des os du poids du cuivre des fers des cœurs venins caravaniers de la morsure au tiède fil des crocs
Des crocs
Ferrements,
Aimé Césaire
contre tout ce qui pèse valeur de lèpre contre le sortilège mauvais notre arme ne peut être que le pieu flambé de midi à crever pour toute aire l’épaisse prunelle du crime contrebande vous tenez mal un dieu et qui toujours s’échappe ta fumée, ma famine, ta fête
Liberté
Ferrements,
Aimé Césaire
Blanc à remplir sur la carte voyageuse du pollen
N’y eût-il dans le désert qu’une seule goutte d’eau qui rêve tout bas, dans le désert