Aimer
c'est-à-dire éprouver de l'amour. L'amour est un sentiment du coeur qui ne se réduit pas seulement à l'attachement, à la passion désignée par ce mot, à une sentimentalité romantique. A l'attachement s'oppose, avec une violence égale, le mépris, à l'amour passionnel, s'oppose la haine passionnelle, à la sentimentalité romantique s'oppose la répulsion primaire. L'amour vrai est plus délicat que ce conflit de contradictions de la dualité ordinaire. Il se donne sans compter et sans rien attendre. Il est une offrande et un épanchement du coeur vers celui qui est aimé. L'amour ne surmonte que la séparation des personnes. Il franchit les intervalles de conditions, de préjugés, de règles morales ou de moeurs. L'amour n'a de compte à rendre qu'à lui-même, il est l'affection interne de l'âme aux prises avec elle-même. Il ne peut-être en aucun cas "obligé", il est passivement ce qu'il est, il n'est pas commandé. On ne veut pas aimer, on aime avant tout vouloir et parfois contre le vouloir, parce que le coeur tremble d'une émotion pure qui s'élève vers celui qui est aimé. L'amour possède la fragilité essentielle du sentiment, la douceur de l'innocence. A la passion s'attache la prédation du vouloir, à l'attachement, la volonté possessive de faire de l'autre une propriété personnelle, à la sentimentalité s'ajoute la rêverie qui cristallise sur l'autre des attentes imaginaires. L'amour vrai n'emprisonne pas, ne veut pas posséder, ne considère pas dans l'autre une "image", mais vise la personne elle-même, telle qu'elle est. Il n'est pas une sensualité confuse, mais une sensibilité délicate. Il enveloppe la personne telle qu'elle est, là où elle est, de sa chaleur et de son affection, l'amour est ersonnel et impersonnel. Il peut s'étendre à l'infini et embrasser tout ce qui vit, il peut se condenser sur une personne et rester la même qualité du coeur qui s'épanche pour le bien et le bonheur de ce qu'il