Alice au pays des merveilles
PRESENTATION de l’œuvre et de son auteur
Charles Lutwidge DODGSON
Charles Lutwidge Dodgson naît d’un père pasteur anglican, au sein d’une famille de onze enfants dont deux seulement se sont mariés. Tous étaient comme lui gauchers et sept d'entre eux (Charles y compris) bégayaient. Dans l'isolement du presbytère, ces anomalies, partagées par une communauté soudée, permirent à Charles de développer une personnalité d’enfant doué, hors des normes, dans un cocon protecteur.
Le psychanalyste américain John Skinner estime que la gaucherie est à l’origine de cette obsession du renversement qui constitue l’un des thèmes dominants de Lewis Carroll. Dans De l’autre côté du miroir, le temps aussi bien que l’espace se trouvent inversés. On écrit à l’envers, on souffre d’abord, on se blesse ensuite. Dans ce monde bizarre, il faut s’éloigner du but pour l’atteindre.
Charles Dodgson, dans son âge mûr, devait prendre souvent plaisir à mystifier ses jeunes correspondantes en commençant ses lettres par la signature et en les terminant par le commencement.
Quant au bégaiement, il serait peut-être à l’origine des fameux « mots-valises » à double signification. La hâte à s’exprimer, combinée avec son défaut d’élocution, aurait amené l’enfant à fondre involontairement deux mots en un seul.
« Tout flivoreux vaguaient les borogoves,
Les verchons fourgus bourniflaient. »
De l’autre côté du miroir, Bredoulocheux, poème, traduction d’Henri Parisot.
L’explication en est fournie par L'Œuf Gros Coco (Humpty-Dumpty) dans De l'autre côté du miroir : « C’est comme une valise, voyez-vous bien : il y a trois significations contenues dans un seul mot… Flivoreux, cela signifie à la fois frivole et malheureux… Le verchon est une sorte de cochon vert ; mais en ce qui concerne fourgus, je n’ai pas d’absolue certitude. Je crois que c’est un condensé des trois participes : fourvoyés, égarés, perdus. »
Le choc sera d’autant plus fort lorsque cette jeune personnalité