Aline
Mais Ramuz est moins fantaisiste que Giono, moins versatile dans les sentiments, plus pied-à-terre dans ses déscriptions. Peut-être plus moraliste aussi, d'une moralité "saine". Une citation: "Le vrai amour ne dure pas longtemps". Aux pauvres jeunes mères.
Dans la thématique ramuzienne nous considérons souvent ces deux pôles opposés qui sont en conflit: l’amour symbolisant la plénitude et la permanence, d’une part, et la mort, symbole de la séparation et de l’interruption, de l’autre.
Ramuz s’interrogea dès le début de sa carrière littéraire s’il pourrait concilier ces deux opposants par l’acte artistique. Ses instincts faisaient appel à la plénitude, à l’amour, mais la réalité extérieure lui imposait l’autre aspect de l’existence, c’est-à-dire, la séparation et la mort. Ce dilemme qu’il a profondément vécu dans sa jeunesse possède également ses personnages.
Le premier personnage qui souffre de ce dilemme, c’est Aline, le protagoniste de son premier roman écrit en 1904 à Paris. Cette petite paysanne innocente de dix sept ans, délaissée par son amant, se débat contre la trahison de Julien et la bassesse de la société, cherchant une issue à son drame. La naissance de son malheureux enfant ne peut la consoler et elle trouve le seul solution dans le suicide, après avoir étranglé son fils.
Mais avant de prendre cette décision fatale, elle s’interroge, elle fait des efforts pour choisir la vie et l’amour: “Il faut bien que je l’aime, ce petit; il faut que je l’aime tant que je peux, pour lui faire du bien et qu’il prenne de la vie. C’est un mauvais temps à passer (…) Il faut bien que je l’aime, puisqu’il n’a rien que moi.” (Ramuz, Aline, O.C. I, 1967: 146) Mais peu de temps après, lorsqu’elle apprend que