Dans le terme « autrui », il y a « autre » et autre, s’oppose communément à « moi ». Il y a moi et il y a l’autre et l’autre n’est pas moi, mais un autre que moi. Si « moi » je suis tel individu, A, la cinquantaine, alsacien, père de deux enfants, gendarme de son état, il y a « l’autre », B vingt ans, étudiant en lettres, résidant en chambre universitaire, venu de Metz, par ailleurs musicien dans une formation de rock. Ce que nous mettons en valeur dans la relation, c’est d’abord la différence, ici la différence entre A et B. Ces deux personnes ne peuvent guère se comprendre, tant elles sont différentes, donc, elles sont vouées à la mécompréhension mutuelle, en raison de leurs différences. A insister trop sur la différence, on tend à montrer les abîmes qui séparent les hommes. Or toute communication suppose bien quelque chose de commun. Si je n’avais strictement rien de commun avec autrui, je ne pourrais pas communiquer avec lui. Il faut que le Même prédomine sur l’Autre, pour que la communication devienne possible. Si je suis incapable de voir en face de moi un être humain, si je ne vois que ce que je pense en me représentant là un « juif », un « arabe », ou un « fonctionnaire » etc. il est clair que l’image de l’autre contribue à renforce la séparation et à rendre impossible toute communication. Les courants de pensée de l’après-guerre ont beaucoup insisté sur l’altérité. Mais faut-il voir autrui à travers l’altérité ? Est-ce par l'altérité que l'existence d'autrui se définit ? Et puis, de toute manière, l’altérité se situe-t-elle dans le rapport à autrui, ou précède-t-elle la relation à l’autre ? * A. Le Même et l'Autre Arrêtons-nous sur les termes. Il faut d’abord noter qu’avec l’altérité, nous avons affaire à un concept fortement marqué par la {text:bookmark-start} dualité {text:bookmark-end} . L’intellect aime les découpages clairs, tranchés, sans ambiguïté et là il est servi. La pensée duelle se traduit par des oppositions