Sujets choisis : L’Étrange cas du docteur Jekyll et de Mr. Hyde écrit par Robert Louis Stevenson en 1886 et adapté au cinéma par Rouben Mamoulian en 1931 sous le titre de Docteur Jekyll et Mr Hyde.

Analyse de la séquence choisie : la scène d’ouverture. Minutage de la séquence : 1’10 – 7’26 soit un peu plus de 6 minutes.

Dans son adaptation, Mamoulian montre une dualité présente dès la première séquence, grâce à ses choix de mise en scène. Bien avant des films comme La Dame du lac de Robert Montgomery de 1947 ou encore Halloween de John Carpenter de 1978, Dr Jekyll et Mr Hyde assure sa renommée par une séquence d’ouverture entièrement filmée en caméra subjective. Il sera intéressant d’analyser dans cette première séquence, l’utilisation de cette vue subjective qui nous montre déjà le thème du clivage chez le personnage de Jekyll et comment sert-elle la trame narrative. Ensuite nous étudierons le décor et les choix de mise en scène de Mamoulian qui sont marqués par la notion de dédoublement, parallèle à celle que le personnage connaîtra, toujours dans le but d’une séquence d’ouverture utile à l’intrigue. Enfin nous ferons une présentation du personnage de Jekyll qui laisse déjà entrevoir le Mr Hyde que l’on rencontrera plus tard dans le film, mais dont l’existence est prévisible par l’observation de l’attitude de Jekyll.

I – La vue subjective, une technique cinématographique qui nous plonge dans le vif du sujet.

À travers les premières minutes du film, Mamoulian arrive à suggérer la dualité du personnage grâce à l’utilisation de la caméra subjective. La caméra épouse le point de vue (au sens strictement optique) du personnage principal. Ainsi Mamoulian établit une double identification : le regard de la caméra est celui de Jekyll mais aussi celui du spectateur. Nous voilà plongés dès le début dans l’intériorité du personnage. Cette opération, bien que ingénieuse, est tout de même paradoxale : certes le plan subjectif nous place au cœur du personnage,