Analyse et commentaires du poème "génie" d'arthur rimbaud.
Ce poème (qui fait partie des cinq poèmes publiés séparément en 1895) est encore un texte « messianique », qui est à rapprocher de ‘’À une Raison’’ et de ‘’Conte’’, et qui a reçu les interprétations les plus diverses. Loin de croire, comme Delahaye, que ce Génie est un « souvenir évident du Christ », Antoine Adam y vit le « nouvel amour» tel que l'annonçaient Michelet, Quinet et le Père Enfantin. Il faut reconnaître en effet que des formules telles que « il ne redescendra pas d'un ciel, il n'accomplira pas la rédemption », opposent cet être surnaturel au Christ ; ce n'est pas en se sacrifiant, comme le Christ, mais par l'amour universel qu'il donne et qu'il réclame, que ce Génie fera le bonheur des êtres humains, et les libérera des agenouillages anciens. Cette interprétation se rapprocherait de celle de Dhôtel qui pense que ce Génie n'est rien d'autre que la vie universelle, laquelle « possède des vertus merveilleuses par le seul fait qu'elle est la vie ».
Dans un autre groupe se rangent ceux qui estiment que Rimbaud, en écrivant ce poème, songeait à lui-même. Ce serait un document sur la carrière et l'ambition du poète. Au terme de son effort métaphysique, il se sentirait prêt à évangéliser le monde, et se présenterait lui-même comme un envoyé surnaturel. On a pu rapprocher ce Génie qui est « l'affection et l'avenir » de la description qu’il donna du poète dans sa lettre à Demeny : « Énormité devenant norme, absorbée par tous» et « multiplicateur de progrès ». On peut ajouter que la « promesse » faite par le Génie : « Arrière ces superstitions, ces anciens corps, ces ménages et ces âges. C'est cette époque-ci qui a sombré ! » rappelle singulièrement certaines expressions de ‘’Délires I’’: « Drôle de ménage », « les lois et les mœurs auront changé ». Il semble toutefois assez difficile d'admettre que Rimbaud parle de lui-même, de son « corps » et de son « pas », comme s'ils étaient à ce point