Analyse Rhinocéros de Ionesco
RHINOCEROS
Le personnage de Bérenger, ses caractères spécifiques • L'angoisse. Exprimée sous forme de craintes, d'un malaise vague, comme le prouve la récurrence de certains termes (" ça ne va pas ", " avoir peur ", " angoisse ", " je me sens mal à l'aise "), elle est la cause de ses abus d'alcool qui lui fournissent un apaisement (l.5).
L'idée de lassitude physique vient préciser ce malaise. Elle s'exprime grâce à la répétition du participe " fatigué ", et à l'image de la pesanteur (" je sens... mon corps, comme s'il était de plomb ", " le fardeau ", " me pèse ").
Diverses souffrances morales sont en outre énumérées : le refus de soi ("je ne sais pas si je suis moi "), la peur de la solitude, d'autrui, et de la vie en général (" La solitude me pèse. La société aussi ", " c'est une chose anormale de vivre "). En effet, l'existence se réduit à une " chose ", extérieure, étrangère, " anormale " puisque la mort, omniprésente, plane (" les morts sont plus nombreux que les vivants. Leur nombre augmente "). Cette prise de conscience de l'étrangeté de la vie explique le refus de soi ou plus exactement la crise d'identité qui déchire Bérenger (" je me demande moi-même si j'existe ! ").
• L'incertitude. Le discours de Bérenger, marqué par le doute, les hésitations, les remises en cause révèle un personnage en crise. L'incertitude omniprésente est signalée grâce aux négations répétées (" je ne sais pas trop ", " je ne sais pas si "), aux adverbes (" à peine ", " peut-être ") et à l'interrogation indirecte (" je me demande... si... ") exprimant l'indécision. Une contradiction apparente (" La solitude me pèse. La société aussi ", l. 29) et une aberration (" c'est une chose anormale de vivre ", l.34) soulignent les errances du personnage, à la fois hésitant et affirmatif. Cette dualité se retrouve par ailleurs dans le retour insistant (nous l'avons vu) des formules dubitatives, opposé à une tournure brève, assertive (" c'est une chose anormale de vivre ") pour