Anaphore

428 mots 2 pages
Plutôt que l’admonestation du candidat Sarkozy au vilain « petit calomniateur » qui lui faisait face, c’est peut-être la litanie finale du candidat Hollande qui restera dans les esprits :« Moi, président de la République, je… » A seize reprises, il y est revenu avec insistance : « Moi, président de la République, je ne… » . Ce qui ne manqua pas d’accorder à la conclusion de ce débat une tournure théâtrale en la dramatisant. Nicolas Sarkozy ne réagit pas, n'essayant même pas de briser son effet en l'interrompant, comme s'il s'était résigné et qu'il avait déjà démissionné. Cette figure de rhétorique est dénoncée, moquée, disséquée depuis ce matin par les commentateurs de droite comme ayant été insupportable en raison de sa lourdeur incantatoire. Pas sûr qu’ils aient raison si on la place en regard des pratiques littéraires et poétiques.
L’anaphore, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, se définit comme la répétition d’un mot en tête de plusieurs membres de phrase, afin d’obtenir un effet de symétrie et de renforcement. Dans son Dictionnaire de rhétorique (Armand Colin, 2001), le lexicographe Michel Pougeoise rappelle que les écrivains classiques en ont usé, et parfois abusé en raison de la majesté qu’elle insuffle aux personnages qui l’ont en bouche : Corneille (« Rome, l’unique objet de mon ressentiment, Rome… »), Claudel (« Voici le soleil qui se couche, Voici la mer… »), Apollinaire (« Te voici à Marseille au milieu des pastèques/ Te voici à Coblence à l’hôtel du Géant… »), Aragon ("Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant/ Vingt et trois...") sans oublier Ronsard, Hugo, Péguy, Pessoa… Des orateurs de la Grèce ancienne à Malraux ("Entre ici, Jean Moulin..."), le procédé a fait ses preuves.
Il s’agit de donner du rythme au texte en martelant et en scandant la même expression. Sur ce plan là, c’était réussi hier soir. L’anaphore hollandienne était une bonne idée. D’autant que la figure de style assure, par la technique de la reprise, la continuité et la

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