André breton
Les amateurs de Breton ayant fait exploser l’audimat sur notre site — ce qui est d’autant plus méritant que je ne suis guère amène avec le « Pape du surréalisme », — par amitié, je me sens tenu de livrer quelques fragments de la suite, avant de leur donner le cœur du cœur d’ici quelques temps : l’analyse du corpus iconographique, des dessins de Nadja. Encore un texte que les éditeurs n’auront pas !… Mais bon… L’important est qu’ils soient lus, n’est-ce pas ?
LE DOSSIER ICONOGRAPHIQUE DANS NADJA, OU LE STATUT DE L’IMAGE DANS CE QU’IL FAUT NOMMER : LE MUSÉE ICONOGRAPHIQUE [1]
L’image dans le corpus iconographique de Breton a deux missions : rendre compte, voire rendre présents de personnes, de lieux ou d’objets, c’est-à-dire alors se substituer à la réalité : rendre compte d’une réalité phantasmatique plus que d’une réalité objective.
Plutôt que de parler de « dossier iconographique », de « corpus iconographique », il nous faudrait parler plus opportunément de Musée iconographique — de « Musée secret » (pour emprunter le mot à André Malraux), plus que dossier, — en outre, de musée pervers. Le Musée secret de Breton se trouvait non seulement aux cimaises privées du 42, rue Fontaine, son domicile — on se souviendra que Nadja fera un détour obligé par ce saint des saints fétichiste pour y admirer ses « estampes japonaises » —, mais aussi sur les cimaises érigées dans le livre Nadja, puis, plus tard, à nouveau dans le livre L’Amour fou.
L’iconographie, qui, dans Nadja, devrait en principe subjectivement baliser le passage du supposé météore Nadja, n’est en réalité rien d’autre objectivement qu’une autre image de Breton, multipliée, proliférante, tendant à devenir légion. Nous sommes avec Breton en pleine continuation du satanisme littéraire dont le point culminant est l’Œuvre d’Isidore Ducasse, alias Comte de Lautrémont dans Les Chants de Maldoror,