André gide "familles, je vous hais" (iep 1a)
« La famille n'est jamais qu'un assemblage de gens ennuyeux, qui n'ont pas la moindre idée de la façon dont il faut vivre. ». Cette citation d'Oscar Wilde pourrait faire écho à celle d'André Gide, « familles, je vous hais ! Foyers clos ; portes refermées ; possessions jalouses du bonheur. ». La famille, « noyau de la civilisation », divise : c'est un archipel d'amours et de désamours, uni ou conflictuel, qui apporte joies et souffrances. S'il est évident que la cellule familiale est une structure commune à toutes les sociétés humaines, il n'en reste pas moins que chaque homme éprouve à son égard des sentiments différents. André Gide, lui, a été profondément marqué par la relation qu'il entretenait avec sa mère. Peu après le décès de son père, avec qui il était très proche, l'amour étouffant de sa mère Juliette, « qui désormais se refermait sur moi » dira-t-il, l'agace passablement. Malgré sa « sollicitude sans cesse aux aguets », André Gide nourrit pour elle une affection toute naturelle, celle d'un fils envers sa mère. Mais la famille ne saurait se résumer aux parents et à l'amour parental, ni même à la filiation : la relation fraternelle, entre rivalités et tendresse sincère, est d'égale importance, tout autant que la figure symbolique de la belle-mère ou celle du « beauf », le beau-frère. Ainsi, quand Gide parle de « foyers clos », il fait référence à ce rapport entre la famille et les autres. Lorsque deux univers familiaux s'unissent, lors du mariage, l'alliance peut être une étape périlleuse : si la famille est ouverte, les membres extérieurs seront accueillis chaleureusement, si la famille est fermée, l'intégration des individus qui ne répondent pas à ses critères sera une tache ardue. Alors la famille, on l'aime ou on la quitte ? Gide nous invite en tout cas à nous interroger sur la façon dont la famille et son rôle sont perçus au sein des communautés