Apparition disparition
Dans le cadre de notre culture occidentale chrétienne il est difficile de séparer la question de la disparition de celle de la divinité et de ses modes de visibilités. L’accolement au terme d’ « apparition » de son antonyme, « la disparition », tend à accréditer cette thèse dans la mesure où elle accentue le drame sous-jacent à la présence divine : son voilement, son retrait du monde. Ainsi toute apparition est vouée à être l’incarnation d’un manque, la mise en forme d’une absence, le rayonnement ici-bas, temporaire, d’un ailleurs. Il semble qu’on ne puisse sortir de ce dualisme, qu’il distribue les rôles et fasse de l’apparition la face lumineuse d’un seul et même dispositif. Ne pas appréhender ces connotations culturelles et religieuses accolées au mot d’ « apparition », c’est courir le risque d’être silencieusement englouti par ses sous-entendus.
Autre point important à relever, la question de l’image. En effet, poser la question de l’apparition-disparition dans les arts plastiques c’est nécessairement interroger les modes d’émergence du regard. Qu’est-ce qu’une image ? Et qu’est-elle supposée nous montrer ? Qu’est-ce que son apparition éclaire? Et qu’est-ce que son retrait occulte ?
A cette approche de la notion d’apparition sous l’angle du divin j’aimerais opposer un autre regard, athée et immanent. Qu’en est-il de l’image dès lors qu’on envisage un présent sans arrière-monde ? Par exemple, à l’apparition éblouissante d’une vision surnaturelle ne peut-on opposer une apparition lente et silencieuse ? A l’évidence de la parole révélée, à l’aveuglement de la lumière divine, au mystère de l’incarnation et de la beauté ne faut-il pas opposer le lien impérissable qui unit la chose et son contexte, l’image et ce qui la rend possible, le monde et ses différentes manifestations ? Une apparition c’est un moment unique, un temps exceptionnel qui présente à des yeux stupéfaits des réalités incommensurables. Il semble impossible a