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Archigram 2
Comme Archigram 1, ce magazine exprime l’humeur des architectes de notre génération – plus ou moins fraîchement émoulus des écoles d’architecture. On peut rapporter nos façons de penser au sentiment d’insuffisance, né il y a cinq ans environ, que nous inspirait l’architecte General Motor et à la déception causée par la production des architectes anglais de l’après-guerre. Enveloppe extérieure et forme devaient reprendre place dans le courant dominant de la théorie architecturale (au moins). Dans les milieux étudiants, un travail exceptionnellement talentueux cristallisa soudain ces sentiments. Le Concert Hall de Trafalgar Square* d’Edward Reynolds (Archigram 1) suscita au moins deux ans de création libre et rebelle et de plastique subversive à l’Architectural Association*. Un an plus tard, le Bowellism* apparaissait à Polytechnique, sous la forme d’une poignée d’usines de mobilier à High Wycombe. Il devint dès lors évident que la ligne bien droite de l’architecture moderne allait subir quelques torsions. Les commentaires inspirés par ce travail se firent unanimement remarquer par l’incompréhension et la déformation dont ils témoignaient. L’esprit associe spontanément les formes du Bowellism avec Gaudi et Mendelsohn, ce qui s’explique, jusqu’à un certain point, par l’incapacité de ses créateurs à lui trouver une esthétique originale. La ressemblance existe en partie parce que les premiers gestes avaient quelque chose d’expressionniste, comparable à ceux de Mendelsohn et de l’art nouveau. Mais les quarante ans écoulés donnaient à la nouvelle tendance infiniment plus de moyens d’expression. La technologie du bâtiment était au point. L’aspect science-fiction de ces projets provient de la familiarité de leurs créateurs avec la psychologie des personnages – celle de Superman, architecture lunaire et petit-déj à l’américaine- et, en termes plus concrets, avec l’esthétique des calandres automobiles et des rampes de lancement. Des