Auteur classique du XVIIème siècle, Jean de Rotrou est un contemporain de Corneille et passe pour le second dramaturge le plus important des années 1650. Il écrit de nombreuses pièces de tous les registres mais est surtout connu pour ces tragédies telles que Venceslas ou encore Le véritable Saint Genest. Il écrit Antigone en 1637 et reprend ainsi le mythe de la fille d’Œdipe déjà mis en vers par Sophocle dans l’Antiquité. Il y ajoute un personnage, Argie, femme de Polynice. Créon, frère de Jocaste et oncle d’Antigone, a interdit que le corps de Polynice, mort au combat contre son frère Etéocle, roi de Thèbes ; reçoive les honneurs funèbres. Antigone et Argie défient la loi et vont recouvrir de terre le corps. Capturées, elles sont amenées à Créon qui doit, selon son propre édit, les mettre à mort. Le dialogue auquel nous assistons ici va confronter deux argumentations entre trois personnages de la même famille que tout oppose. Comment cette argumentation révèle-t-elle le surgissement des violences au cœur des alliances ?
I. Un affrontement verbal
a. rappel de la situation parallélisme entre les deux frères montré par le parallélisme de construction des verbes tenir au passé simple du vers 19 « il tint notre parti, l’autre tint le contraire » et par la réplique d’Argie qui les lie ensemble « la couronne à tous deux étaient héréditaire » (v. 20) tort partagé : vers régulier, parallèle autour de la césure « l’un suivait sa fureur, l’autre l’embrasa / si l’un vous assaillit, l’autre vous exposa » la discussion tourne autour d’Etéocle et Polynice évoqués à plusieurs reprises dans le texte car la décision d’Antigone est en lien direct avec leur histoire. pluriel avec pronom de la première personne du pluriel « nous fit prendre » (v. 26)
b. une discussion tendue
Créon est présenté par Antigone comme le roi, comme celui qui a le pouvoir de décision et de vie et de mort sur elle mais également comme « un tyran » qui fait souffrir son peuple par sa décision