La question du mythe Comme le remarque Renato Miracco[1] ‘Quand aujourd’hui on se confronte à l’idée du mythe, avec les concepts fondamentales de l’anthropologie, le problème consiste au fait qu’il n’ y a pas une définition reconnue, canonique et figée.’ Le terme mythe (et ses variations dans les différentes langues européennes), décalque du grec ancien, mythos, est une création récente puisque son apparition remonte au tournant des XVIIIe-XIXe siècles. Il a été beaucoup employé au XXe siècle, où il a suscité des débats en raison de la concurrence d’autres termes: thème, fable, légende… sans compter les problèmes dus à la terminologie en usage dans d’autres langues, comme en allemand, Stoff, Thema, Motiv: il a donné lieu en français à d’autres néologismes: mythème, mythanalyse, mythocritique; de nombreux travaux sur des mythes particuliers ont permis également l’élaboration de "dictionnaires de mythes". Il est devenu, en tout cas, un mot quasi obligé que les études de littérature comparée partagent avec d' autres disciplines, tandis que le terme forme renvoie ici aux genres, et plus généralement aux structures et aux codes qu' utilisent ou qu' inventent les écrivains. [2] Les mythes parlent toujours une langue qui [3] est connue par tous, et il est l’évocation des émotions, des images fortes, des images qui servent de filtre culturel et qui font fleurir les lignes des formes antiques. Le mythe se place dans le cadre des constructions symboliques et on note très souvent un lien étroit entre le mythe, la religion et l’art à la construction des formes symboliques. Alexander Eliot dans son ouvrage The Universal Myths parle d’une zone du cerveau qu’il appelle la mythosphère et comme le remarque Renato Miracco selon Sartre ‘l’œuvre d’art se trouve ‘quelque part d’autre’, c’est une absence permanente, qui consiste à transposer l’objet de la perception habituelle à une nouvelle perception imprévue et surprenante. Il s’agit exactement de ce qui se produit par la