Art et sciences
« L’art inquiète, la science rassure » Georges Braque
Le sujet est en apparence logique, presque attendu, voire conventionnel. L’art offre un champ divers de possibilités d’interprétation, de ressenti, de compréhension. La science apporte des réponses irréfutables. Aristote pensait que l’art et la science naissaient de la même chose : l’expérience. L’art apporte en réalité une connaissance de l’universelle tandis que l’expérience apporte une connaissance de l’individuel. Mais la science quant à elle n’a pas de connaissance des causes et n’est qu’une connaissance de fait, tandis que l’art va jusqu’au pourquoi. Quoique la science soit supérieure à l’art dans l’abstraction, l’art débouche sur une connaissance universelle et totalisante en cela qu’elle pose la question des causes. Nous verrons ainsi tout d’abord pourquoi il est possible de penser, comme Georges Braque, que « l’art trouble » tandis que « la science rassure ». Nous montrerons ensuite que le rapport des deux termes est en fait inversé à tort, et qu’il convient de rectifier le paradoxe.
Il est vrai qu’en vertu des préjugés, on peut dire que « l’art trouble, la science rassure », mais il convient de voir pourquoi. La science rassure tout d’abord. Par l’effort et la construction objective, elle apporte l’assurance d’un univers rationnel et logique, cet univers permettant de prévoir l’action humaine ainsi que l’évolution du monde et de pourvoir aux besoins. C’est d’ailleurs par la science surtout que l’homme surmonte le sentiment d’écrasement qu’il pouvait éprouver face à la nature : il lui substitue la conscience d’une certaine familiarité. Il se sent chez lui parce qu’il comprend désormais la nature. On se souvient ainsi de la formule de Claude Bernard : « A l’aide de ces sciences expérimentales actives, l’homme devient un inventeur de phénomènes, un véritable contremaître de la création ; et l’on ne saurait sous ce rapport assigner de limites à la puissance qu’il peut