Artaud théâtre orientale
est à l'origine de l'émancipation d'un théâtre qui s'est libéré de la tutelle de la littérature et de la domination du texte.
Désormais, l'oreille regarde, et personne ne songerait plus à voir encore en elle un simple « organe d'enregistrement » :
? Il semblerait que non, alors qu'Artaud, lui, est un théoricien de la mise en scène
L'écriture théâtrale ne sera plus une simple notation de mots, elle sera « non seulement écriture phonétique et transcription de la parole mais écriture hiéroglyphique, écriture dans laquelle les éléments phonétiques se coordonnent à des éléments visuels, picturaux, plastiques. » [79]
Ce qui m’intéresse dans la tradition orientale, c’est que l’acteur y est créateur de métaphores. Son art consiste à montrer la passion, à raconter l’intérieur de l’être humain, et aussi les histoires bien sûr. J’ai fait un voyage au Japon, un peu à la hippie. En y voyant des spectacles, je me disais : " On dirait du Shakespeare ", alors que je ne comprenais rien ni aux thèmes ni au langage. Et cela parce que les acteurs étaient fantastiques. Là, j’ai senti que la mission de l’acteur était d’ouvrir l’homme comme une grenade. Pas de montrer ses tripes, mais de les dessiner, les mettre en signes, en formes, en mouvements, en rythmes. Alors qu’en Occident, on apprend plutôt aux acteurs à serrer les mâchoires et à ne pas montrer ce qui se passe.
Pourquoi, me suis-je demandé, un acteur du Kathakali me parle-t-il complètement ? Comment se fait-il, me demande-t-on aujourd’hui, que les gens qui ne savent rien du Kabuki puissent aimer vos spectacles ? La réponse est la même : parce que c’est du théâtre. C’est-à—dire la " traduction " en quelque chose. Mon " goût pour l’Orient ", comme on l’appelle, n’a rien à voir, par exemple, avec le fait d’être influencé par tel ou tel metteur en scène allemand. L’Orient, pour le théâtre, est une constante ! Brecht a toujours touché de ce côté-là. Et Artaud, quant à lui, disait simplement : " Le