Assia djebar
Dans chacun de ses romans on trouve « une sorte d’histoire en mineur d’une femme qui pourrait être vécue n’importe où mais très vite les rapports de langue avivent les problèmes de désir et de passion. »
Dans son roman intitulé Vaste est la prison, Assia Djebar cherche à reconstruire l’histoire en s’interrogeant sur la langue dans la deuxième partie ayant pour titre « L’EFFACEMENT SUR LA PIERRE » et qui tourne autour de l’alphabet berbère dont les lettres « traînant à terre, tels les quadriges et les déesses ailées du monument démantelé de Dougga, semblent d’elles-mêmes avoir pris la fuite, avoir glissées sur les sables jusqu’au désert de Garamantes, pour se fixer sur les rochers immémoriaux ». Le berbère est une des langues de l’Algérie et par conséquent une des langues de son histoire de femme algérienne, c’est « une écriture lybique » redécouverte « au XIXe siècle à partir d’une stèle bilingue, la stèle de Dougga ». Le berbère est « la langue de [sa grand-mère] » qui ayant « disparu des mémoires » reste encore vivant grâce à « son oralité » et « sa rudesse » et qui s’ajoute alors à l’arabe « avec sa diglossie, avec son aspect populaire et son aspect littéraire » et aussi au français qu’elle « possédai[t] … comme langue de pensée, et non comme langue d’intériorité et d’affectivité » et qui lui a « apporté la liberté du corps à onze ans » pour constituer « un triangle linguistique » qui définit au mieux le « territoire de l’Algérie ».
Assia Djebar déclare que : « Ecrire en français sur ma propre vie, c’était prendre une distance inévitable », cette distance serait ici considérée comme un décentrement au sein du triangle linguistique. C’est le triple décentrement et ce par rapport à la langue arabe « langue savante », « langue de la poésie », « langue où [sa] mère chantait sa poésie, ses poèmes andalous », « langue du désir », « langue de l’amour » et « langue maternelle » qu’elle avouait tenir « à retrouver constamment