Bachelard L obstacle epistemologique
Bachelard
GASTON BACHELARD, La notion d’obstacle épistémologique, in la formation de l’esprit scientifique, Vrin
I - De la connaissance maîtrisée à l’obstacle épistémologique
1) « On connaît contre une connaissance antérieure »1
D’emblée, Bachelard affirme la nécessité de poser le problème de la connaissance scientifique en termes d’obstacles. Ecartant, sans les nier, les obstacles externes
(complexité des phénomènes, mise en place des expériences) et les obstacles liés à la physiologie de l’être humain, il porte son regard sur le principal obstacle : l’obstacle présent « dans l’acte même de connaître »2.
Une connaissance n’est jamais construite dans un désert. Elle doit lutter contre les connaissances usuelles, établies :
« Quand il se présente à la culture scientifique, l’esprit n’est jamais jeune. Il est même très vieux, car il a l’âge de ses préjugés. Accéder à la science, c’est spirituellement rajeunir, c’est accepter une mutation brusque qui doit contredire un passé »3.
2) Une connaissance est une réponse à une question
Bachelard parle bien de connaissance, non d’opinion ; on peut certes connaître contre une opinion, la déjouer, montrer son arbitraire, mais il est ici davantage question des affrontements entre connaissances, construites comme telles. Bachelard règle ainsi rapidement le sort de l’opinion :
« L’opinion pense mal ; elle ne pense pas : elle traduit des besoins en connaissances. En désignant les objets par leur utilité, elle [l’opinion] s’interdit de les connaître. On ne peut rien fonder sur l’opinion : il faut d’abord la détruire. Elle est le premier obstacle à surmonter »4.
Déjouer le piège de l’opinion, c’est avant tout conserver l’esprit scientifique ; ce dernier consiste en un questionnement perpétuel, matière première dont il se nourrit :
« Avant tout, il faut savoir poser des problèmes. Et quoi qu’on en dise, dans la vie scientifique, les problèmes ne se posent pas d’eux-mêmes. C’est
précisément