Un peintre novice, riche seulement de son talent et de l'amour de la belle Gillette, entreprend, étape obligée de tout parcours initiatique, la visite au grand maître en son atelier. La rencontre entre Nicolas Poussin, car c'est de lui qu'il s'agit, et de Maître Porbus lui réservera bien des surprises. Maître Frenhofer, personnage étrange, est lui aussi de la partie et accapare l'attention des protagonistes et du lecteur. Il fascine par la judicité de ses commentaires savants et par l'art d'allier le geste à la parole. En quelques coups de pinceau, il métamorphose le tableau, fort bon au demeurant, de Porbus. « Marie l'Egyptienne », après son intervention, semble renaître à la vie. Conviés chez Maître Frenhofer, Poussin et Porbus apprennent qu'il travaille depuis dix ans à une oeuvre magistrale, le portrait de Catherine Lescault, en regard duquel toutes les toiles qu'ils ont pu admirer à loisir chez leur hôte ne sont que de vulgaires ébauches. Mais Frenhofer n'autorise personne à pénétrer dans son atelier. Le chef-d'oeuvre n'est pas achevé, Frenhofer doit encore le confronter à une femme réelle, un modèle à la beauté parfaite. Poussin conçoit d'emblée le plan qui l'introduira dans le « saint des saints » de la peinture : sa Gillette n'est-elle pas la femme que Frenhofer recherche désespérément ? Par l'entremise de Porbus, trois mois plus tard, le pacte est conclu avec un Frenhofer rongé par le doute, qui n'est plus que l'ombre de lui-même. Gillette posera pour lui, il dévoilera son chef-d'oeuvre. L'échange tourne au désastre : désastre de l'amour pour Gillette bafouée et délaissée, désastre des artistes qui ne découvrent sur la toile qu'« un mur de peinture » où subsiste seul un pied merveilleux, désastre du créateur qui, le soir de cette révélation, se suicide en détruisant son