Il est né à Tours le 20 mai 1799, dans un famille de la petite bourgeoisie venant d'une lignée paysanne du Midi. Son père était un administateur. Sa mère, Anne-Charlotte Sallambier, une femme froide, sévère et indifférente, dépourvue d’instinct maternel, le priva d’amour («Je n’ai jamais eu de mère !» déclara-t-il dans sa correspondance, et il la trouva responsable du fait que, selon sa propre expression, «il ait enduré la plus épouvantable enfance qui soit jamais échue sur terre à un homme ! »). Elle le mit en nourrice à la campagne, à Saint-Cyr-sur-Loire, et l’oublia pendant trois ans. Au début de 1803, il fit son premier voyage à Paris, chez ses grands-parents Sallembier. En 1804, il entra comme externe à la pension le Guay à Tours où il resta jusqu’en 1807. De 1807 à 1813, il fut pensionnaire au collège oratorien de Vendôme qui, avec ses tours sinistres et ses robustes murailles, lui donna l’impression d’une prison plutôt que d’une maison d’éducation. Il passa ces années dans un état d’hébétude traversé de sursauts d’énergie. Il souffrait déjà d'une «congestion d'idées» causée par un excès de lectures. En 1812, en quatrième, il aurait rédigé un ‘’Traité de la volonté’’. En 1813, il quitta le collège pour raison de santé et entra comme externe à l’institution Lepître puis à l’institution Ganser, à Paris où son père fut nommé directeur des vivres. En 1816, à la fin de ses études secondaires, il devint clerc chez un avoué, Me Guillonnet-Merville, où il resta jusqu’en mars 1818, avant de l’être chez un notaire, Me Passez. Ces trois ans passés dans ces bureaux poussiéreux, au milieu des dossiers et des papiers timbrés, lui firent découvrir sur quelles bases, souvent sordides, sur quelles compromissions, repose l’édifice social.
Il s’inscrivit à la faculté de Droit et suivit également des cours à la Sorbonne et au Muséum. Le 4 janvier 1819, il fut reçu au premier examen du baccalauréat en droit, mais refusa de devenir notaire et s’installa dans une mansarde, 9 rue