Balzac (1799 - 1850) «Shakespeare seul a enfanté une humanité aussi large et aussi vivante.» Emile Zola, 1881 Avec quatre-vingt onze romans et plus de deux mille personnages, dont certains devenus des légendes littéraires, comme le Père Goriot, Rastignac ou César Birotteau, Balzac a construit une œuvre, La Comédie Humaine, qui reconstitue un demi-siècle de notre histoire, de la Restauration à la Monarchie de Juillet, " embrassant toute une société dans son fourmillement humain, la multiplicité de ses lieux et de ses milieux, et l'enchevêtrement de ses détails matériels". Ce qui impressionne chez Balzac, c'est son énergie et sa puissance de travail. Comme l'écrit Jean d'Ormesson, " il n'y a pas dans les lettres françaises, d'image plus familière que celle de Balzac, installé en robe de chambre, une cafetière fumante devant lui, au cœur de la nuit, à sa table de travail. " Il arrivait à Balzac d'y passer jusqu'à dix huit heures d'affilée. Puis il y a chez lui ce talent d'observation : ses descriptions d'une rue de Paris ou d'une ville de province, de vêtements, de mobiliers, ou d'habitats émanent d'un chroniqueur incroyablement attentif à tous les aspects du réel. Ce don d'observation, parfois il en joue : " j'ai été pourvu d'une grande puissance d'observation , écrit-il à Mme Hanska , parce que j'ai été jeté à travers toutes sortes de professions, involontairement …". En effet ses échecs dans l'imprimerie et ses déboires financiers ont lancé à ses trousses une horde d'huissiers intraitables. De ces expériences douloureuses, il fait bon usage pour camper des situations et des personnages plus vrais que nature. A l'inverse, parfois il se défend d'user de ce talent d'observateur. On connaît sa fameuse réplique : " Comment voulez vous que j'ai le temps d'observer, j'ai à peine celui d'écrire ? " Car Balzac ne se contente pas de décrire la réalité, il y a chez lui l'intuition de l'alchimiste qui cherche au delà des limites de sa propre expérience : "