Banalité du mal
PROGRAMMATION D’EDUCATION CITOYENNE
Banalité du mal, banalité du bien par Michel TERESTCHENKO vendredi 1er juin 2007 troisième conférence du cycle proposé par le Musée d’Histoire Jean Garcin : 1939-1945 L’Appel de la Liberté en partenariat avec l’association Agora.
Introduction
Un paradigme dominant dans les sciences humaines est celui qui fait de l’homme un individu calculateur cherchant en toutes circonstances à maximiser ses intérêts et agissant toujours en fonction de préférences. Ce paradigme domine depuis le 17ème siècle et s’est incarné dans la figure de l’homo oeconomicus (1). Mon projet, dans Un si fragile vernis d’humanité (2), consistait au départ à critiquer et à modifier substantiellement ce paradigme sur la base du fait massif que représentent les conduites altruistes et bénévoles : la France, par exemple, compte entre 4 et 6 millions de bénévoles réguliers et 12 millions de bénévoles occasionnels. Or si les individus ne sont pas aussi égoïstes qu’on le prétend, le problème principal, c’est qu’il est impossible, sur cette base, de rendre compte de la destructivité humaine, autrement dit du fait que, dans certaines circonstances, les hommes peuvent devenir des acteurs destructeurs et maléfiques.
I – Banalité du mal.
1- Représentation traditionnelle et représentation moderne du problème. a- dans la réflexion sur les hommes maléfiques une représentation traditionnelle considère que faire le mal requiert la volonté de faire le mal, le choix du mal ; cette représentation peut être illustrée par de grandes figures littéraires et historiques, par exemple : - le héros maléfique dans le théâtre de Shakespeare (ainsi le héros de Richard III déclare-t-il [acte I, scène 1] : « Je suis résolu à être un méchant» [pour accéder au pouvoir].) ; - le héros machiavélien : César Borgia, le Prince par excellence, fait le choix du mal ; il n’hésite pas à recourir à la ruse et à la cruauté