Biancanavies
« Biancanieves », folie andalouse
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Le film de Pablo Berger
Comme il est affiché que nous ne couperons pas au rapprochement, commençons donc par ce qui distingue « Blancanieves » de « The Artist », l'un et l'autre muets et en noir et blanc : quand le film de Michel Hazanavicius dérive de l'idée que l'on peut se faire aujourd'hui du cinéma des années 1920, idée produite moins par les réalisations d'alors que par celles qu'elles inspirèrent par la suite, « Chantons sous la pluie » en référence première, et par quelques notions vagues et une brassée de fantasmes sympathiques, celui de Pablo Berger puise ses racines dans ce que le cinéma silencieux présentait de plus orgueilleusement souverain : il est à l'évidence l'oeuvre d'un vrai passionné, qui connaît et aime profondément les grands fi lms d'autrefois, considérés sans hauteur aucune, avec au contraire le désir extravagant de se mesurer à l'aune de leur splendeur.
Cette louable expertise et cette ambition, dont on pouvait craindre qu'elle ne devienne vite prétention, ne garantissaient en rien la réussite de l'entreprise, elles lui offrent cependant de reposer sur un socle qui jamais ne tremble, quelques secousses que lui impose la fantaisie de l'auteur. Lequel se plaît à décliner les thèmes de plusieurs contes de notre enfance, certains repérables au hasard d'une simple allusion, d'autres portés à la dimension de séquences entières, le plus étonnant pour commencer étant que ces apports divers s'agrègent pour former une intrigue dont il n'est pas exagéré d'affirmer qu'elle captive de bout en bout. Cendrillon un moment, Alice à l'occasion, Blanche-Neige plus durablement, c'est ainsi que la nomment les nains toréadors qui la recueillent, Carmencita, autrement dit la petite Carmen, a été élevée par sa grand-mère, sa mère étant morte en lui donnant le jour alors même que dans l'arène une bête venait d'encorner et de