BILAN
Dominique JACQUET
Professeur à l'Université de Paris X - Nanterre
Dans son numéro spécial annuel “ Les 1000 ”, l’Expansion classe, tout d’abord, les entreprises par MVA (Market Value-Added) décroissante et indique, pour chaque entreprise, l’EVA (Economic Value-Added) et d’autres paramètres liés à la rentabilité des capitaux investis. Dans cette première partie, ne sont mentionnés ni le chiffre d’affaires, ni le résultat net, mesures “ classiques ” de la puissance et de la rentabilité des entreprises.
On apprend, par la MVA, que Carrefour a enrichi ses actionnaires de près de 60 milliards de francs à partir de 19 milliards de capitaux engagés, alors que les propriétaires d’Alcatel-Alsthom ont perdu plus de 80 milliards pour des capitaux engagés représentant environ 165 milliards. De plus, il apparait, en analysant l’EVA, que l’exploitation de Legrand a généré un solde positif de 250 millions de francs, alors que celle de Club Méditerranée a perdu plus de 500 millions.
Ces chiffres sont très évocateurs, mais le trouble peut s’emparer du lecteur lorsqu’il se demande comment Club Méditerranée enrichit ses actionnaires de près de 800 millions en dépit d’une exploitation “ difficile ”, comment Danone génère une richesse de 12 milliards de francs quand l’exploitation perd 1,2 milliard et, à l’inverse, comment Saint-Gobain a fait perdre plus de 14 milliards alors que l’exploitation dégage un surplus économique de 500 millions.
Les concepts de MVA et d’EVA ont été médiatisés par un cabinet nord-américain, Stern-Stewart, qui, après avois conquis les Etats-Unis, commence à envahir l’Europe. Aujourd’hui, un nombre croissant de groupes importants surveillent attentivement leur crédibilité boursière au travers de la MVA et évaluent la performance de leurs responsables d’unités opérationnelles à l’aide de l’EVA.
Ces concepts permettent-ils aux entreprises d’améliorer sensiblement leur approche valeur-rentabilité ou