Albert Camus naît le 7 novembre 1913 à Mondovi, en Algérie, dans les environs de l’actuelle ville d’Annaba. Il connaît la misère d’une famille pauvre et d’un père absent ; il est le second enfant de Lucien Camus, ouvrier agricole, et de Catherine Sintes, une jeune servante d’origine espagnole illettrée et qui s’exprime difficilement. Son père, blessé lors de la bataille de Marne durant la Première Guerre mondiale, meurt en 1914. Pour subvenir aux besoins de ses deux fils, la veuve Camus fait des ménages ; ils habitent avec la grand-mère Sintès et l’oncle Etienne dans un petit appartement qui reste sans eau ni électricité jusqu’en 1930. Malgré tout Albert Camus garde un souvenir heureux de son enfance : « La pauvreté, d’abord, n’a jamais été un malheur pour moi : la lumière y répandait ses richesses […] Dans tous les cas, la chaleur qui régnait sur mon enfance m’a privé de tout ressentiment » L’Envers, et l’endroit, Gallimard, 1937. A l’école primaire, un instituteur, Louis Germain, distingue l’enfant, conscient de ses facultés intellectuelles et réussit à convaincre la grand-mère Sintès de laisser son petit-fils tenter le concours des bourses pour entrer au lycée. Il le fait travailler gratuitement en dehors des heures de classes. L’écrivain lui dédiera les Discours de Suède, au lendemain de son prix Nobel. En 1930, brusquement atteint de tuberculose, il s’installe chez son oncle Gustave Acault, versé en littérature, qui lui ouvre sa riche bibliothèque. Cette maladie lui fait prendre conscience de l’injustice faite à l’homme : « la mort est le plus grand scandale de la création », et elle aiguise son appétit de vivre même si elle l’empêchera plus tard de passer son agrégation de philosophie. Il obtient son bac en 1932 et poursuit ses études en lettres supérieures. Il a pour professeur de philosophie Jean Grenier, à qui il restera lié d’une amitié fidèle. Sous l’impulsion du professeur, il lit Sainte-Thérèse d’Avila, Schopenhauer, Nietzsche, Dostoïevski,